Attentat de Nice: La haine et la raison

ATTENTAT DE NICE – Le semi-remorque qui a occasionné le massacre de la Promenade des Anglais à Nice risque de continuer sa trajectoire et provoquer plus de désolation sur sa route. Si des policiers ont dû user de leurs armes pour arrêter sa trajectoire en tuant le chauffeur, les politiques, journalistes et autres  »experts » en tout genre ne ratent aucune occasion pour mettre de l’huile sur le feu et attiser les tensions communautaires. Pourtant, il a été urgent de prendre de la mesure et du recul. Ce qui est en principe le rôle des grands d’un peuple.

Les scénarios des jours d’après vont dans le sens de ceux qui prophétisent le clash des civilisations. Et comme ce dernier ne se concrétise pas assez vite par léthargie des peuples selon leurs points de vue, alors il fallait bien aider le destin.

L’ogre Daech, créé en Iraq, et qui s’est étendu sans ombrage vers la Syrie et puis la Libye n’est pas compréhensible par la plupart des musulmans de part le monde. Rien n’y fait. Ni la condamnation unanime, ni la présence de plusieurs morts musulmans parmi les victimes, ni la répétition à satiété que ces massacres n’ont rien à voir avec l’Islam. Toutes ces choses sont balayées d’un revers de main afin de maintenir une ligne éditoriale et de pensée qui mène inéluctablement vers le clash des communautés et des troubles sociétaux.

Forcés d’écouter et de lire ce qui se dit après chaque attentat en France, on se rend compte que les semeurs de la haine sont à l’œuvre. Et même si le profil des assassins ne correspond pas à un musulman digne de ce nom, on y colle l’adjectif de terroriste, ce qui est vrai parce qu’il terrorise des gens pacifiques mais aussi celui de djihadiste, qui est celui du combat dans le sentier de Dieu. Mais de quel combat il s’agit? Et de quel Dieu bon sang?

Mohamed Bouhlal est décrit comme Mohamed Merah ou les frères Abdessalam, loin mais très loin d’une pratique de l’islam. Ni prières, ni jeûne, ni droiture, violence envers sa femme, consommation exagérée d’alcool, fornication et délinquance. Et du jour au lendemain, il va devenir un soldat de Dieu.

Cette thèse est invraisemblable, pour celui qui connait le b.a.-ba d’une quelconque conversion ou glissement vers n’importe quelle doctrine. Par contre, cette thèse alimente en message subliminal toutes les craintes de plus en plus justifiées vis-à-vis des jeunes dits musulmans, même s’ils sont très loin de l’observance des rites, qui en principe les cadrent. Cet amalgame répété et entretenu par les experts faussaires est dangereux pour la cohésion de la société française, voire les sociétés occidentales qui contiennent de fait plusieurs millions de musulmans ou supposés musulmans.

Daech ne lui reste plus que de cueillir le fruit de ces forfaits, puisque ça rentre dans sa stratégie de terreur. Comme elle l’a fait avec le tueur d’Orlando, Omar Mateen qui, on le sait maintenant, aurait voulu se venger d’un de ses amants portoricains, séropositif, en massacrant un maximum d’homosexuels latinos.

L’état de sidération que nous provoque cette répétition d’attentats en France ne devrait pas nous retirer notre lucidité. Les personnes désignées qui ont commis ces forfaits n’ont rien à voir les musulmans ni l’Islam même s’ils le revendiquent. Il y a juste vingt ans, en ex Yougoslavie, des Bosniaques se sont fait écrasé juste parce qu’ils portaient des noms musulmans. Quand les amalgames prennent le dessus sur les raisons, on peut s’attendre à tous les forfaits.

D’un autre côté, les  »élites » musulmanes françaises n’ont pas réussi à faire émerger et ce, malgré les adversités, une représentativité digne et courageuse. Pas d’intellectuels dans lequel se reconnaissent les musulmans et qui mériteraient le respect des non musulmans. En France, il n’y a ni Malcom X et encore moins un Martin Luther King. Tous les visages qu’on aperçoit sont dans l’esprit de l’indigénat.

Quand aux diplômés musulmans qui se sont sortis un peu en accédant à de bonnes situations, ils sont dans un égoïsme qu’il paieront très cher ainsi que leurs descendance. Parce que l’arbitraire ne fait pas de distinction entre le fils d’ouvrier et celui d’un notable. Ce vide a occasionné le fait qu’on parle de millions de musulmans et qu’on les pointe du doigt en leur absence.

En côtoyant les tueries, d’abord en Afghanistan ensuite au Congo puis à Gaza et actuellement en Syrie, je ne me fais plus aucun doute que les semeurs de chaos sont en train d’importer leurs forfaits en Occident et notamment en France.
Le plus surprenant, c’est que l’effet de sidération est tel qu’on n’entend presque pas de parole posée, mesurée et réfléchie. Sans parler de l’anomalie de l’absence des musulmans au débat qui les concerne en premier chef.

D’orphelins de la république, on fait glisser les musulmans au statut d’ennemis de la république, sans leur donner de tribunes ni d’espaces de parole. Pendant ce temps, ceux qui n’ont aucune conscience du danger se disent toujours que jusqu’ici tout va bien!