Interventions chirurgicales pour les nécessiteux

Maya, la souffrance ambulante.

Maya, 26 ans est une jeune camerounaise immigrée au Maroc depuis deux ans. Elle m’a été adressée par une association pour pouvoir l’opérer d’un problème de fibrome.
Dans le hall de la clinique, la jeune femme était en position accroupie à cause des douleurs. Elle arrive à peine à marcher. Fatiguée à cause des douleurs violentes et de l’anémie qui succèdent à ses hémorragies. Son état est ainsi depuis plusieurs jours l’empêchant de travailler et même de subvenir à ses besoins.
Son histoire peut ressembler à pleins d’autres femmes qui souffrent en silence au Maroc. Ballotées souvent entre les structures hospitalières sans que le service dont elles doivent bénéficier ne leur soit rendu… Mais le cas de Maya est plus préoccupant parce qu’ étrangère, vit seule en collocation et sans soutien ni famille.

Maya a été opérée en urgence il y a un an pour une infection pelvienne. Elle a du déposer la somme de 10 000 dh avant de franchir le seuil de la clinique, et elle a fallu qu’elle fasse appel à des parents dans son pays pour lui envoyer 12 000 dh supplémentaires afin de couvrir les frais de l’intervention et du séjour. Mais son problème n’avait pas été réglée pour autant. Plus tard, elle avait souvent des douleurs et des saignements pour lesquelles elle devait être transfusée me dit-elle. On lui dit qu’il faudra se faire opérer de ses fibromes, mais le CHU l’envoi vers les hôpitaux périphériques, qui la renvoient à leurs tours au CHU. Maya sans ressources, s’est trouvée perdue au milieu d’un6d partie de ping-pong dont elle ne connait pas les règles sonnantes et trébuchantes.
Quand je vois des femmes dans cette souffrance et le peu de moyens en ma disposition, je sens une colère et une incompréhension face à la déconfiture du système. Mais au lieu de philosopher, je préfère donner de mon mieux afin de soulager les souffrances et redonner le sourire. Bien évidement, je le fait non seulement gracieusement mais avec la joie de rendre justice à cette femme qui a échoué à Casablanca. En lui annonçant à Maya que je vais l’opérer, et qu’elle n’a pas à se soucier des frais son visage s’est illuminé.
Des amis ont contribué à prendre en charge les frais d’intervention de Maya et l’intervention a été réalisée.

Comme prévu, l’intervention a été longue et difficile à cause des antécédents de la jeune femme et des lésions qu’on devait soigner en même temps. Il lui a fallu une coelioscopie chirurgicale et une reprise de son ancienne cicatrice avec soin au niveau des trompes et de l’utérus, Maya a nécessité une transfusion comme mes collègues anesthésistes l’avaient prévu parce qu’elle a été anémique du fait des saignements répétés qu’elle a eu. Ce fut un soulagement après de longues heures d’intervention, en compagnie de mes aides opératoires qui n’ont pas accepté de se faire remplacer malgré un estomac vide et un dépassement de leurs heures de travail. C’est qu’on arrive dans de pareils cas à se surpasser. On pense tout simplement à rendre service et ce du mieux qu’on peut. Pour cela, on arrive à créer une ambiance particulière, celle du don de soi et ça marche. Au-delà de toutes les difficultés qu’on peut rencontrer dans l’exercice serein de notre métier, il faut toujours chercher de l’énergie pour ne pas abandonner ni de sombrer dans le cynisme parfois la bêtise.
La médecine n’a de beau que la noblesse de l’être et de l’acte

Maya continue à venir me voir au centre injab, se confie à moi et me parle de ses projets…