Atlas: froid, pauvreté et enclavement
La vague de froid qui sévit sur le globe est difficilement supportable pour beaucoup d’individus: les fragiles, enclavés et nécessiteux payent facilement le tribut du manque de moyens et de possibilités pour se réchauffer. Et à ces laissés pour compte qui tombent plus facilement malades ou risquent de perdre la vie à cause du manque de chauffage, on leur répond qu’il fait froid à cause du réchauffement climatique. Avouez qu’il y a de quoi les rendre sceptiques face à notre diagnostic.
Dans l’Atlas marocain, surtout le moyen et le haut, les températures sont en-dessous de zéro et les moyens pour lutter sont dérisoires. On utilise le feu de bois et surtout la chaleur dégagée par les animaux pour ceux qui ont en.
Penser à aider les habitants relève du bon sens, mais les moyens ne peuvent qu’être ceux d’un État et des communes qui souhaitent aider vraiment les habitants. Et cette aide devra débuter bien avant la période hivernale en balisant les routes et en mettant en place les moyens nécessaires pour secourir les plus nécessiteux.
Les quelques caravanes médicales et humanitaires de circonstances n’ont qu’un effet antalgique pour l’opinion publique, puisque seuls quelques villages en bénéficient, sans régler leurs problèmes structurels. On ne peut faire du développement avec quelques couvertures ou vêtements chauds octroyés sous le crépitement des appareils photos et la présence de caméras.
Lors de mes études du système de santé marocain, j’ai découvert qu’il existe ce qu’on appelle dans le jargon humanitaire les « déserts » médicaux ou sanitaires, puisque la couverture sanitaire passe de l’hôpital au centre de santé jusqu’au dispensaire et puis rien. Les villages éloignés n’ont aucun recours, il y a dans les plans du ministère de la Santé un infirmier itinérant qui doit passer de temps en temps mais en cas d’urgence et sans des personnes ressources, les maladies des patients peuvent se compliquer rapidement s’il n’y a pas de prise en charge adéquate.
Et qui est mieux que le professeur des écoles ou l’instituteur qui, bon gré mal gré, devrait s’adapter à ses nouvelles conditions de vie et devenir de fait le référent du village? Même en matière de santé puisque non seulement les élèves mais les familles lui demandent souvent conseils et puisent dans sa propre pharmacie?
L’idée en cours de concrétisation est de dispenser gratuitement aux professeurs des écoles une formation non seulement en secourisme mais en soins d’urgence. Cela leur permet de se rendre service, de conseiller et de prendre en charge leurs élèves et les familles. Notamment dans les zones enclavées l’hiver ou très éloignées des centres de santé.
Les bons réflexes et la prise en charge rapide des blessés et des malades permettent de sauver ainsi des vies. Les bonnes attitudes permettent de ne pas tomber dans les complications et de diriger les patients dans les meilleures conditions possibles vers un centre mieux équipé et médicalisé.
Il essayera ensuite d’établir un lien entre ses professeurs formés et les médecins de leurs centres de santé afin de créer un réseau de soins en permettant ainsi de mettre en place un réseau. Pour le bien-être de tout le monde…
Concernant la santé maternelle, on a débuté une série de formations de sages femmes de santé publique et surtout celles qui travaillent dans des centres de santé sans la présence d’un gynécologue à proximité ni pédiatre et sans bloc opératoire.
On a travaillé sur une obstétrique d’urgence avec les moyens existants, ce qui permet de prévenir les complications aussi bien maternelles que ceux des nouveaux-nés. Parce que ce sont les premières minutes qui sont les plus importantes en cas de détresse respiratoire d’un nouveau-né ou d’une hémorragie lors d’un accouchement.
Le Maroc a mis en place, suite aux recommandations internationales, des maisons des mères (Dar Al Oumouma) mais ces dernières ne remplissent pas leur rôle dans toutes les localités, parce qu’en principe elles doivent accueillir (logement et nourriture) toutes les femmes enceintes qui dépendent de la maternité de proximité jusqu’à ce que l’accouchement ait lieu et que les routes soient désenclavées. C’est la seule méthode qui permet d’éviter une mort certaine de la maman et/ou du nouveau-né lors d’une complication surtout pendant la période hivernale.
Pour cela, on doit rétablir un contrat de confiance entre la population et les structures de santé de proximité. Et cela est l’affaire de tous, puisqu’il s’agit de sauver les mamans. Le premier des droits de la femme n’est-il pas de pouvoir vivre après son accouchement?