Les Empires viennent mourir aux pieds des montagnes afghanes !!
Je me souviens des derniers jours que j’ai passés en Afghanistan juste après les attentats du 11 septembre 2001. J’ai du évacuer le pays avec mes collègues humanitaires d’Aide médicale internationale laissant derrière nous les Afghans face à leur sort, qui se décidait à des milliers de kilomètres, dans un bureau ovale. La plupart des Afghans ordinaires sont des ruraux, ils ne connaissaient ni New York, ni Oussama Ben Laden. Le ciel leur est tombé dessus, ensuite ils ont vu débarquer chez eux des soldats arrogants, leur donnant des ordres et leur infligeant des forfaits. Pour eux, c’est du déjà vu !!
Après le choc des attentats du World Trade Center, l’émotion fût immense, ne donnant plus place à la raison. Les coupables nommés sans preuves ni jugement. La loi du Far-West s’abat sans que cela fasse sourciller qui que se soit. Les pays arabes et musulmans dont sont issus les méchants désignés n’étaient pas en reste. Cédant aux amalgames savamment concoctés, ils ont béni à leur tour cette expédition. La terreur aveugle ne faisant pas partie des enseignements de l’Islam, la condamnation fût unanime. Les rares voix qui demandaient des preuves ou qui disaient que le Pentagone n’a pas été attaqué par un avion étaient tout simplement ignorées sinon stigmatisées.
Les jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre et la requête des Talibans vis-à-vis des Américains de leur fournir des preuves que le forfait a été commis par leur hôte d’alors Oussama Ben Laden. Des principes de base, que bien des musulmans ont oubliés. On ne livre jamais un musulman à un non musulman sans preuves de son forfait. L’opinion publique internationale croyait les affirmations des responsables américains et de leurs services secrets comme des vérités absolues sans aucune preuve matérielle. Alors les Américains ont exécuté leur 1er plan, celui d’envahir ce pays « facile », l’Afghanistan, prélude à un autre réputé plus important et plus coriace, l’Iraq. Là encore, un autre alibi celui des ‘’ Armes de destruction massives » a été avancé et martelé et il s’est avéré un mensonge caractérisé.
Force est de constater que les think-tanks américains d’alors, va-t-en guerre, grisés par la superpuissance militaire, ignorent les enseignements de l’histoire des peuples. Bientôt une dizaine d’années de ‘’guerre contre le terrorisme » sur le sol Afghan et les résultats sont loin d’être satisfaisants même pour les meneurs de cette expédition. Bien au contraire, le camp des Talibans s’est revigoré, soutenu par une population farouche et un terrain favorable. Sans parler de la légitimité religieuse dont les combattants tirent leurs forces.
Barack Obama, le curieux prix Nobel de la paix, a choisi sa « bonne guerre » en augmentant le contingent américain de 40 000 soldats supplémentaires, dépassant les cent mille soldats. Quand le Soft Power ne marche pas comme partout ailleurs dans les autres pays musulmans sans gloire, les Américains passent au Hard Power et toute leur puissance de feu. Et désormais, on utilise dans les guerres des mercenaires, qui échappent à la justice en cas de bavures. Leurs morts ne sont plus comptabilisés évitant ainsi d’annoncer un nombre réel de combattants décédés, afin de ne pas égratigner la sensibilité de l’opinion publique américaine. Quant aux pertes humaines afghanes et des familles détruites, elles n’ont pas d’importance aux yeux de leurs agresseurs. Une fois l’adversaire déshumanisé, le soldat ou le mercenaire pourra lui infliger tous les supplices imaginables. Dans l’esprit de pas mal de personnes, les Afghans en général et les combattants talibans en particulier sont des gens archaïques qui n’ont pas les mêmes ‘’valeurs universelles » que l’Occident évolué, par conséquent leur mort n’a pas la même importance et leur asservissement pourrait être légitime.
Imprégnée par ces idées reçues et reniant ses propres valeurs humaines dans ce conflit, l’opinion publique internationale reste atone. Tétanisée, l’intelligentsia occidentale ne réagit que mollement à toutes les exactions commises par les armées dans ce pays depuis 2001. Rappelons que les objectifs premiers étaient la capture des dirigeants de la fameuse organisation Al Qaida et de bannir les Talibans. Aucun des objectifs n’a été atteint. Les dirigeants d’Al Qaida se sont « évaporés ». Quand aux fameux Talibans caricaturaux, force est de constater qu’ils sont de plus en plus importunants et résistants. Détournés des objectifs premiers, on nous annonce actuellement la volonté d’aider le pays vers « la bonne gouvernance » et bien entendu « la libéralisation de la femme ». La femme afghane a bon dos. Le joker qu’on sort toujours pour convaincre l’opinion publique occidentale de la légitimité de tuer un peu plus et de bombarder un peu plus. C’est pour faire le bien des peuples, alors c’est légitime. Drôle de concept et drôles de gens qui se laissent convaincre par de pareilles aberrances.
Quand j’ai été à Peshawar, au Pakistan, j’avais vu une fresque qui a attiré mon intention dans le hall d’un hôtel. L’image d’un cavalier plié de fatigue sur sa monture errant entre les steppes, les montagnes en arrière-plan. Le jeune administrateur afghan qui travaillait pour Aide médicale internationale m’a appris, sans dissimuler sa fierté, qu’il s’agit d’une relique d’un des rares soldats qui ont échappé à la mort lors d’une des expéditions anglaises. Trois expéditions anglaises, trois échecs plus ou moins grinçants pour les Anglais et une certitude : Que l’Afghanistan est imprenable. La suite de ce qui est advenu de l’empire britannique est connue.
Les Soviétiques n’ont pas eu plus de bonne fortune. Le Président communiste Njibullah, installé par les communistes, en voyant les troupes soviétiques partir en mai 1988 ne s’en doutait, ni de son destin funeste, ni du démantèlement de l’Union Soviétique et par ricochet de tout le bloc de l’Est. Cette débandade à l’Est nous dit-on était du fait de l’Oncle Sam. Pas si sûr !!! Le président mal élu Hamid Karzai, un poil ‘transculturé’, devrait s’intéresser à l’histoire, parce qu’elle a tendance à bégayer dans un pays si attaché à la tradition. Les Afghans, installés dans leur culture, immuable depuis des siècles, l’utilisent comme antidote à la puissance technologique Américaine. La foi musulmane donne aux combattants Talibans, une proximité avec la mort, sans en avoir peur, le martyre faisant partie de leur culture. D’autant plus qu’ils défendent leur terre contre des envahisseurs ‘’ impies ».
Ils ne font pas de différence entre les nationalités de la coalition de l’ISAF ou de l’OTAN. Ils considèrent Hamid Karzai, ses ministres et ses soldats comme des traîtres qu’il faut combattre au même titre que les envahisseurs. Et pour finir, ils n’acceptent aucune négociation et restent bien évidement réfractaires à toutes les tentatives de corruption. C’est que les Afghans appartiennent à un royaume insolent qui ne tolère pas le colonialisme.
La machine médiatique est en marche, elle aveugle les opinions internationales. S’efforçant de leur donner une vision tronquée des réalités du terrain. Tous les experts militaires et humanitaires savent qu’il ne s’agit plus qu’une guerre d’usure, et que cette guerre de Goliath contre David ne peut être gagnée.
Des voix s’élèvent pour conseiller aux Américains un calendrier de retrait des soldats, afin d’aménager une porte de sortie honorable. Mais ils sont confrontés à la fois à l’arrogance des Yankees qui entraînent tout l’OTAN dans son sillage et aux manœuvres des Sionistes qui ne peuvent laisser des résistants afghans catalogués jihadistes salafistes sortir vainqueurs de cette confrontation. La défaite inéluctable selon les experts et les observateurs risquera, par contre, de mettre sur la table des questions cruciales en Occident sur l’intérêt des armées hyperpuissantes et coûteuses payées par l’argent des contribuables. Et surtout faire des émules dans pas mal d’endroits du monde musulman à feu et à sang depuis des décennies.