Visas pour le #Yémen!!
Partir au Yémen n’est pas une sinécure. Parce qu’il est difficile de partir dans un pays divisé en proie à des troubles depuis le « printemps arabe » et depuis trois ans à une guerre fratricide. Les accès par la mer sont possibles mais très dangereux et par les airs requiert un visa. Sésame qui n’est délivré qu’ouaprès avoir montrer patte blanche et rassuré les autorités du gouvernement encore en place et ses institutions.
La première fois j’ai pu me rendre dans l’Arabie heureuse c’était en 2011 avec Médecins sans frontières. A Sanaa qui était le théâtre de manifestations, j’ai pu mesuré le degré de mécontentement de la population par plusieurs décennies de système du président Saleh qui a fini par être assassiné après avoir rompu une alliance contre nature avec ses ennemis de toujours les Houtis.
Je suis allé à Aden et l’ONG a pu y établir une mission. Cette fois-ci, le climat est différent et l’accès au pays est problématique, alors repartir au moment ou la population a le plus besoin d’aide n’est plus du tout évident. Mais je n’ai jamais perdu espoir. D’ailleurs, comment continuer à avoir la foi si on perd l’espérance ?
Lors de mon action chirurgicale au Bangladesh en novembre 2017 avec l’UOSSM, j’ai rencontré Zaher un syrien très actif dans le conflit qui touche son pays et qui a décidé de fonder une ONG plus globale qu’il a d’ailleurs nommé MedGlobal. On a parlé du conflit au Yémen et des possibilités d’y aller. Il m’a confié qu’il partait le mois suivant et qu’il y aurait possibilité de joindre son équipe dans une autre action chirurgicale six mois plus tard.
En début d’année je l’ai relancé à plusieurs reprises et après une longue discussion sur les actions possibles à mener au Yémen, il m’a mis en relation avec Imran un jeune anesthésiste réanimateur de Boston très motivé et qui a usé de patience innouie avec ses collaborateurs d’une association yéménite Al Amal pour nous avoir les visas.
Pas mal de personnes pensent qu’il suffit de décider de partir dans une zone sinistrée et surtout de conflits, prendre son courage à deux mains, son sac et puis le tour est joué. D’autres croient qu’il faudrait venir les chercher pour ceci !! La réalité est tout autre, dans les actions de ce genre, s’il faut certes du courage, il est nécessaire d’avoir de la compétence, du temps et de l’argent mais surtout une bonne dose de patience et de diplomatie. Parce que les personnes qu’on souhaite aider, intéressent souvent peu les acteurs du conflit, bien qu’ils clament haut et fort qu’ils font la guerre pour leur bien-être ou mieux encore pour l’accès aux laissés pour compte à la démocratie et aux droits humains.
La date de départ de l’équipe chirurgicale a été prévue pour début mai et jusqu’à la dernière quinzaine d’avril, on n’avait obtenu aucun visa, sans parler des prix d’avion exhobitants de la seule compagnie Al Yamania qui assure des lignes depuis le Caire. Les prix avoisinent les 1000 dollars aller-retour Le Caire- Aden… ou le Caire-Sayoun, les deux destinations possibles.
Après de multitudes coups de fil et de messages, on me demande de me présenter à l’ambassade du Yémen de Paris pour obtenir le sésame. Ce dernier jouxte celui de l’Egypte dans les beaux quartiers. Les fonctionnaires qui y sont travaillent comme si le pays fonctionnait normalement avec toute la bureaucratie habituelle. Une fois sur place, on vérifie que la lettre du ministère du plan m’autorisant à obtenir le visa leur est parvenu, puis me demandent d’aller faire un transfert de 80 euros dans leur compte. Dans l’ambassade, on ne prend ni chèque ni espèces. Alors, il faut trouver une banque, faire le transfert et surtout revenir avant 13h pour ne pas perdre la journée. La surprise fut un refus de délivrer le visa parce que le passeport était saturé. Je ne savais pas où me mettre et toute négociation était vaine.
J’ai appelé mes collègues de l’ONG et les yéménites qui connaissent les responsables au ministère mais rien n’y fait. Dans des moments pareils, je me souviens du mot qu’on emploie pas mal ces derniers temps : La résilience, on peut l’appeler également positiver même le refus.
Un nouveau passeport, ça prend minimum 10 jours, c’est le temps de la mission de mes amis qui commence dans deux jours. Je me suis dit, je change le passeport et je partirai plus tard.
Deux mois plus tard, je me présente à l’ambassade avec un nouveau passeport, on me dit que le temps est passé et que le visa n’est peut-être plus valable… Je n’ai pas discuté , j’ai laissé faire le destin et demandé au fonctionnaire de voir avec le consul, il m’a demandé de revenir. Deux heures plus tard, il est redescendu avec un visa d’un mois, sur mon passeport.
Je l’ai pris en le remerciant et parti rejoindre mon destin comme d’habitude.
Maintenant, il faut trouver un billet d’avion et de bons correspondants……